Oui, parfois, j'aimerais juste pouvoir être chère à son coeur, même un seul instant... Parfois, j'aimerais encore avoir le courage de l'appeler "Papa"

Vous savez quel est le plus horrible des mots sur cette terre? "Solitude".

On pense tout le temps aux "Petits Africains qui meurent de faim". Oui il faut y penser. Mais je trouve que parfois, on devrait voir les choses sous un autre point de vue, prendre un champ de vision moins lointain, et se dire que peut-être, pas loin d'ici, se trouve un espèce de petit bout de fille, quatorze ans depuis peu, et minuscule dans l'univers.
Un petit bout de fille qui chiale devant son ordi tout en tapant de ses mains tremblantes toute sa souffrance. Parce que ce petit bout de fille est seule. Parce qu'il y a une petite demi-heure, son Papa est arrivé dans le salon et lui a jeté un sac avec un classeur à la figure. Parce que ça a fait mal, au coeur surtout:

- RANGE CA NON DE DIEU!

Alors, la petite fille a mal, très mal. Le choc a fait tordre ses lunettes et a casser son coeur.

Pourquoi il me déteste? POURQUOI?

Pourquoi il crie tout le temps? Pourquoi n'est-il jamais content? Pourquoi n'a-t-il toujours pas mangé les chocolats que je lui ai offert à Noël? Pourquoi? Parce qu'il ne m'aime pas.

Depuis mes sept ans, mon père ne m'aime plus. Il hurle, crie, cogne, à chaque instant. Le petit bout de fille essaye de répondre à chacun de ses désirs, mais elle n'arrive pas, elle n'arrive plus.

Quand Papa m'a jeté le sac a la figure, je n'ai tout d'abord rien fait d'autre que de continuer mes exercices d'allemand...

- T'es c*onne ou quoi? Va le RANGER B*ORDEL! hurle mon frère.

Je pars en hurlant, en pleurant. Je n'en peux plus. Ma mère me regarde partir sans émotions. Je m'enferme dans ma chambre, je pleure fort, très fort, parce que j'en ai marre. Mes cris s'entendent loin, je le sais. Mais pourtant, trente-et-une minutes ont passée et personne n'est venu me consoler...

Le petit bout de fille pleure les larmes qu'il lui reste. Le petit bout de fille a une Maman, un frère, un Papa. Un Papa qui ne l'aime pas. Depuis que sa propre maman est morte.

Oui oui, c'est rien, juste sept ans que je chiale tous les soirs parce que mon Père me hais, parce que je n'ose plus lui dire "Papa"...

Quand je revois Papa, avant que sa mère ne soit morte, je le vois comme un homme souriant et gentil, très attentionné, qui donne parfois une petit claque sur la joue quand on a cassé un pot de fleur en jouant au ballon dans le salon...
Mais ces souvenirs s'estompent peu à peu de mon esprit. A présent, la seule image que je garderais de mon père sera celle de l'homme violent, méchant, qui ne l'aime pas, qui lui jette les classeurs à la figure en hurlant de rage.

Je suis là, seule dans ma chambre a pleurer comme si c'était la seule chose que je savais faire... Trente-cinq minutes d'attente, avec l'espoir que dans la seconde qui suit, la porte va s'ouvrir et Maman, mon grand-frère, ou Papa, va débarquer et me prendre dans ses bras, me dire "Ce n'est rien, il est comme ça" ou encore "Pardon de t'avoir fait mal, pardon." Mais la porte ne s'ouvre pas. La poignée reste désespérément immobile, et mon coeur désespérément brisé.

Continuez à penser à tous ces enfants malheureux qui meurent de faim sous les yeux de leur famille, continuez à penser aux enfants qui sont morts de balle dans le coeur, continuez à penser au petit bout de fille de la première rangée de maison qui est seule, désespérément seule, avec un frère violent et impoli, une mère souvent de préférence tournée vers le frère violent à la place de sa fille, son petit bout de fille, qui a un Papa, un Papa qui ne l'aime pas.


à tous ceux qui je connais dans la réalité, ne parlez pas de ce que j'ai écrit à votre entourage, vous pouvez comprendre qu'on aime pas que ça se sache...

Mais... mais personne n'a jamais posté ! Mais c'est super triste ton histoire ! Je peux très bien comprendre que celz te fasse du mal, je l'ai rêvé assez de fois. J'ai, moi même, de la chance d'avoir encore un père, une mère, une famille. J'ai une amie, en famille d'accueil parce que son père la maltraitait (pour ne pas dire autre chose devant les enfants) et que sa mère buvait. Peut de temps après sa mère est morte. Son père a déménagé dans un autre pays et il ne lui reste que ses amies. Un jour, elle m'a confié les malaises qu'elle ressentait. Elle essaye d'oublier, elle se raccroche à un seul but :  Protéger les personnes qui lui sont chères. Toi aussi, fixe-toi un but, et dis-toi que les autres ne sont que des obstacles.