Le soleil venait à peine de se lever lorsque l'ordre vif de ma lieutenante résonna dans le camp. La patrouille de chasse allait être organisée, elle cherchait des guerriers.
Gracile Euphorie était une jeune chatte n'ayant pas beaucoup d'expérience, et cherchant à en trouver. Par conséquent, elle nous demandait souvent de l'aide à nous, les vétérans.
Et justement, j'approchais de cette âge fatidique. Je n'avais jamais passé de temps à la pouponnière avec des chatons, et je n'avais jamais revendiqué des places plus importantes. Je ne voulais pas percer dans le Clan, alors que j'aurais pu, comme disais mon mentor désormais dans un autre Clan, au milieu des Étoiles.
Me demandant pourquoi je pensais au passé au début d'une nouvelle journée, je m'étirai les pattes. Puis, faisant attention à ne pas réveiller les autres, je sortais dans l'air froid du matin. L'herbe était encore un peu mouillée, et cela me réveilla. Lorsqu'elle me vit, le regard de Gracile Euphorie s'éclaira. Elle avait dû avoir peur que personne n'accoure à son appel.
Néanmoins, je ne voulais pas la satisfaire entièrement. Alors qu'elle attendait que je lui parle, je ne lui adressa qu'un bref signe de tête avant de m'élancer vers la forêt seule, sans lui laisser le temps de dire quelque chose.
L'air encore plus frais dehors me fit frissonner. Je courus alors pour me débarrasser de cette frilosité et sentis très vite une odeur d'écureuil. Le petit animal avait pensé comme moi et cherchait de la nourriture. Je tournais la tête de tous les cotés avant de l'apercevoir. Il grignotait une graine sur le sol, inconscient du danger que je représentais. Je m'accroupis en silence sur le et m'approchai de lui, doucement. C'est alors que le vent tourna et lui signala ma présence. Sans s'attarder plus, il se mit à courir sans pouvoir monter aux arbres, une chance pour moi. La saisissant, je le poursuivis très longtemps, sans me soucier du temps.
Les arbres, peu à peu, se firent plus rares et j'arrivai à la frontière. Je stoppai avec précipitation, le coeur battant de ma course et d'avoir failli passer chez le Tonnerre. Ces chats étaient extrêmement nerveux depuis l'Assemblée. Allez savoir pourquoi...
Un bruit à ma gauche atira mon attention. Un petit chaton tentait de passer la frontière. Avec un sursaut de rage, j'allai vers lui et lui fit :
- Stop ! Plus un pas. Que fais-tu là ?!